Voyages à vélo

De Kuala Lumpur à Malacca

Du 21 au 28 mai 2025

205 km

Pour sortir de Kuala Lumpur, c’est comme pour entrer, cela circule en tous sens. Nous suivons le flot de voitures en prenant garde aux bretelles d’accès et de sortie sur cette route à six voies !!!

Nous suivons tellement bien le flot que nous arrivons… à l’entrée de l’autoroute (oups !) ! Alors demi-tour, et ce n’est pas bien évident de trouver un itinéraire en sens inverse. La route que nous empruntons ensuite circule énormément, c’est une quatre voies ! Merci Osmand+ de nous guider dans ce dédale de routes, de ponts, d’échangeurs…

Nous finissons par trouver un itinéraire un peu plus calme et nous arrivons à Putrajaya, la capitale administrative de la Malaisie.

Une ville créée de toutes pièces en 1995 sur une ancienne plantation de palmiers à huile, un vrai délire !

Imaginez une avenue immense, bordée de bâtiments non moins immenses, beaux bâtiments certes mais tout semble désert : peu de circulation, de rares piétons, des magasins encore plus rares, une ambiance un peu froide et triste, sans beaucoup d’animation.

Cela pourrait être les « Champs Elysées locaux » en y ajoutant magasins et animation !!!

Une belle mosquée, bordant une vaste place, marque le début de cette avenue que nous parcourons sur l’allée centrale.

Nous franchisons la rivière sur un superbe pont suspendu ! Laure emprunte le passage prévu pour les piétons et vélos afin de réaliser quelques photos au plus près du parapet.

Oui mais voilà, cette voie se termine à la sortie du pont dans la terre, plus d’asphalte et plus de trace ! Ce ne serait pas un problème si les rails de sécurité n’empêchaient pas le passage. Donc, il faut transférer le vélo et les sacoches de l’autre côté des rails. Pas d’autre solution que de tout décharger ! Mais heureusement, un jeune ouvrier, bien costaud, travaillant sur le pont, nous aidera à passer le vélo chargé au-dessus des rails.

Ce soir, nous dormons à Cyberjaya, la Silicon Valley malaisienne !!!

Pour rejoindre Port Dickson, au bord de la mer, nous roulons d’abord sur une six voies avant d’emprunter une deux voies, étroite et sans bande d’urgence, une route pas très rassurante.

Finalement, les routes à voies multiples sont moins dangereuses car toutes dotées d’une bande pour deux roues, en revanche moins agréables.

Port Dickson est une station balnéaire un peu déserte au premier abord. Mais il est vrai que nous ne sommes pas en pleine saison !

Ce matin, nous faisons une petite halte « pour voir la mer ». Heureusement car, bien que la route soit proche de la côte, nous ne la voyons pas cette mer !!!

Nous trouvons de nombreuses mosquées sur notre chemin. Comme nous sommes vendredi, c’est le jour de la grande prière pour les Musulmans et les mosquées sont pleines à craquer, impressionnant le nombre de voitures et de motos à l’entrée de chacune d’elles !!!

L’arrivée à Malacca est facile, la ville n’est pas très grande mais comme elle est, paraît-il, jolie et culturellement assez riche, une pause de plusieurs jours s’impose !

Malacca serait sans doute la plus vieille ville de Malaisie. Le premier royaume à être bien connu date de 1400 environ. Situé dans un détroit à l’embouchure de la rivière Malacca, le lieu est stratégique.

Les bateaux arrivent de Chine poussés par la mousson d’été et repartent avec la mousson d’hiver. C’est l’inverse pour les bateaux arrivant des Indes.

En 1477, le sultan Manshur Shah qui avait développé Malacca disparaît. La ville est alors prospère et les marchands du monde entier y font commerce. Attirés par les profits possible, les Portugais, conduits par Alfonso de Albuquerque, à la tête d’une armée de 1400 hommes, s’emparent de la ville en 1511.

Mais en 1641, après 130 ans d’occupation, les Portugais sont chassés par les Hollandais qui, en 1824, laissent le port aux Anglais. Domination anglaise qui se poursuivra jusqu’à l’indépendance de la Malaisie.

Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, Malacca est un véritable enchantement. C’est une belle ville calme et plaisante où il fait bon faire étape.

Le week-end, la ville est envahie de touristes malaisiens et singapouriens, ça s’agite beaucoup, le marché nocturne bat son plein, la place Rouge déborde de monde mais Malacca retrouve son calme durant la semaine.

Nous y sommes restés cinq jours. Il faut bien tout ce temps pour découvrir la ville et tous ses charmes. De la place rouge à Chinatown, de la rivière Malacca aux temples et mosquées, du street art de ses rues au marché de nuit, d’une course de pirogues à ses trishaws, des boutiques du quartier chinois aux immenses centres commerciaux, nous avons adoré cette ville, sûrement une des plus belles de Malaisie !

Le quartier colonial de Malacca s’articule autour de la place Rouge. Rien à voir avec celle de Moscou, ici le mot rouge vient de la couleur des bâtiments et non de la couleur politique !

Autour de la fontaine de la reine Victoria, on trouve le Stadthuys, magnifique édifice, de couleur rouge brique, construit par les Hollandais en 1650. Résidence des gouverneurs de l’époque, c’est maintenant un musée.

Juste à côté, la Christ Church, toute de rouge vêtue, fut construite également par les Hollandais en 1741.

C’est la plus ancienne église protestante du pays. Nous ne l’avons vue ouverte qu’une fois pour un mariage. Elle était fermée le reste du temps.

Toujours sur cette même place, se dresse une tour d’horloge construite par les Britanniques et peinte en… rouge.

Ce qui surprend sur cette place, c’est la présence d’un moulin peint en… blanc. Sûrement pour rappeler la présence coloniale hollandaise !

Devant ce moulin, paissent deux vaches en plastique dont la couleur de la robe ne rappelle pas vraiment celle des tarines du Beaufortin !

Beaucoup, beaucoup de touristes sur cette place, principalement asiatiques (Singapouriens ?) et très peu d’occidentaux. Les appareils photos des portables fonctionnent à fond, les perches à selfies sont de sortie, on prend des poses, on se photographie dix fois. Et pas de photo sans le V de la victoire avec le majeur et l’index ou le pouce levé ! Bien amusant tout ce petit monde !

Au-dessus, sur la petite colline, les ruines de la chapelle Saint Paul’s Church dominent la ville.

Bâtie par un capitaine portugais en 1521, elle devint temple protestant sous les Hollandais avant de servir de cimetière aux notables portugais et hollandais. D’ailleurs sur les murs de la chapelle, plusieurs très belles pierres tombales sont alignées.

En contrebas, la porte de Santiago serait le seul vestige de la forteresse construite par les Portugais entre 1564 et 1568.

Les Hollandais agrandirent la forteresse mais les Anglais en ordonnèrent la destruction, seule cette porte fut épargnée !

Il existe d’autres bâtiments dans ce secteur dont plusieurs sont des musées ! A quelques encablures, une reproduction d’un vaisseau du XVème siècle, la Flor del Mar, la caravelle à bord de laquelle Alfonso d’Albuquerque gagna Malacca en 1511. C’est le musée maritime de Malacca.

C’est sur cette place que l’on trouve les fameux trishaws, des tricycles à la décoration plus que kitch, chargés de peluches à l’image de « Hello Kitty » et des « Pokémons », de fleurs artificielles, de guirlandes…

Ils trimballent les touristes entre place Rouge et Porte de Santiago tous décibels dehors. A la nuit tombée, ce sont de véritables arbres de Noël ambulants bardés de lumières multicolores !!! Nous n’avons pas testé !

Chinatown possède deux rues principales parallèles et un ensemble de rues adjacentes qui nous offrent de jolies façades de maisons plus ou moins colorées.

La plupart sont chinoises, d’autres datent de la colonisation hollandaise mais aussi de l’explosion du commerce du caoutchouc au XIXème siècle.

Beaucoup ont été rénovées mais quelques unes attendent patiemment une remise à neuf !

Au fronton de certaines maisons, on peut voir un tableau laqué noir sur lequel sont gravés en « lettres » dorées le nom ou la devise de la famille. Cela remplaçait les numéros inexistants à l’époque !

Ce sont de superbes rues qui s’éveillent surtout le week-end en soirée. On y trouve alors un marché nocturne où l’on vend toutes sortes de « chinoiseries », de la nourriture au ventilateur de poche en passant par les bijoux et même des chats !

C’est de ce quartier que sont issus les Baba Nyonya de Malacca, une communauté née du métissage sino-malais.

Un cordonnier fabrique encore des chaussures minuscules pour femmes. Utilisées par celles dont on bandait les pieds afin qu’ils ne grandissent pas.

Une souffrance pour ces femmes et une impossibilité de marcher normalement.

A notre grande surprise, nous apprenons, en regardant le livre d’or, que Jacques Chirac s’est arrêté dans cet atelier.

La coutume des pieds bandés fut pratiquée en Chine du Xème au début du XXème siècle sur les filles et jeunes femmes issues des classes sociales favorisées dans un premier temps, avant de s’étendre à une part plus large de la société chinoise. La pratique est interdite en 1912 après la proclamation de la première république, et réellement éliminée au début des années 1950 par les autorités communistes.

Ce musée occupe une très belle demeure de 1896 qui appartenait à un riche exploitant de caoutchouc.

Au cours de la visite, nous découvrons un superbe intérieur. Le mobilier de style victorien d’influence anglaise côtoie les meubles de bois foncé incrusté de nacre d’influence chinoise.

Nous avons admiré les superbes panneaux de soie brodée de motifs évoquant la nature.

Mais le plus extraordinaire , c’est l’escalier en bois orné à la feuille d’or jusque sous les marches !!! Escalier qui possède des portes que l’on fermait pour empêcher les voleurs éventuels d’accéder à l’étage !

Au rez-de-chaussée, l’immense cuisine occupe le fond de la maison et à l’étage, nous trouvons un salon de musique, des costumes liés au mariage, un lit à baldaquin…

Une riche et intéressante visite !

Malacca est traversé par la rivière éponyme. Elle serpente paresseusement dans la ville par une suite de méandres. Nous la longeons vers le nord en suivant une promenade très bien aménagée.

Le soleil éclaire la rive opposée où se côtoient des maisons aux couleurs vives qui se reflètent dans l’eau. Des bateaux à propulsion électrique descendent et remontent la rivière. Bateaux de touristes, style bateaux mouches, mais aussi des « bateaux-bus ».

En chemin, du street art, une grande roue, un varan qui se prélasse dans les herbes, un autre qui traverse la rivière, pas le temps de s’ennuyer, c’est beau !

Nous continuons jusqu’à la villa Santosa où nous découvrons un hameau de maisons en bois au pied d’immenses tours, quel contraste !

Il est très facile de passer d’une rive à l’autre en empruntant un des nombreux ponts, tous de style différent.

Nous n’avons pas quitté la rive gauche, totalement à l’ombre, car, vu la chaleur (40°), marcher au soleil, c’est l’enfer !

Le soir, la rivière et ses abords s’illuminent. Du rouge, du vert, du jaune, du violet… ça s’éteint, ça se rallume, ça change de couleur, les bateaux en rajoutent, un peu kitch mais bien sympa !

Nous ne serions pas en Asie du Sud Est s’il n’y avait pas de temples et pas en Malaisie s’il n’y avait pas de mosquées !!!

Situé dans la quartier chinois, le magnifique temple Cheng Hoong Teng (Temple des Nuages Verts) est le plus vieux temple chinois de la région.

Bâti au XVIIème siècle, il réunit le taoïsme (la religion), le confucianisme (la morale) et le bouddhisme (la vie de l’âme).

C’est un lieu très fréquenté ! De nombreux fidèles viennent y brûler de l’encens, apporter des offrandes, prier… Difficile pour nous de comprendre tout ce qui s’y passe, nous n’avons pas tous les codes ! Il existe aussi d’autres petits temples dans les rues proches.

Toujours dans le quartier chinois, la mosquée Kampung Kling et son étonnant toit vert.

De style indien musulman pour l’ensemble, le minaret et le toit font penser aux tours des pagodes bouddhiques et les colonnes corinthiennes du porche à une influence européenne !

Nous y avons rencontré une famille française fort sympathique avec trois enfants en voyage de plusieurs mois en Asie du Sud Est.

Située à quelques centaines de mètres, la mosquée Kampung Hulu est l’une des plus vieille mosquée de Malaisie datant de 1728. Elle possède, comme la mosquée Kamplung Kling un toit pyramidal d’influence chinoise.

On nous y a offert le café mais, pour entrer dans la salle des prières, Lionel a enfilé une djellaba !

Inaugurée le 24 novembre 2006, la mosquée du détroit de Malacca (Masjid Selat Melaka) est construite sur l’île artificielle de Malacca.

Bâtie sur pilotis, elle possède deux arcades qui se croisent et mènent à l’entrée principale. Son minaret de 70 m de haut sert également de phare pour les bateaux (nombreux) qui empruntent le détroit de Malacca.

Elle se situe un peu à l’écart de la ville et son accès n’est pas des plus plaisant. Nous traversons en effet des rues bordées d’imposants immeubles inachevés et abandonnés. Un peu glauque l’endroit !

Et puis c’est l’arrivée dans la mosquée. Après avoir enfilé foulard et djellaba pour Laure, jupe pour Lionel, la mosquée est là, face à nous, superbe !

Nous avons été émerveillés par la beauté des lignes de cet édifice. Quand le soleil descend sur l’horizon, la blanche mosquée se teinte d’orange avec une pointe de rose, c’est fantastique !

Et puis, petit à petit, le soleil disparaît, le ciel vire à l’orange, l’appel du muezzin retentit, les fidèles se rendent à la prière, la mosquée se pare de lumières colorées, un moment extraordinaire que nous partageons avec un couple de jeunes Français !

Sur la rivière Malacca, se déroule, ce matin, une course de pirogues.

Nanties à la proue d’une tête de dragon, elles avancent grâce à des pagaies maniées par des « rameurs », le tout rythmé par un tambour.

Mais avant la course, se déroule toute une cérémonie qui se termine par un défilé où les dragons sont en bonne place. Chaque bateau se voit ensuite remettre un drapeau et c’est parti !

Mais en fait, vu le décalage dans les départs, vu le peu d’énergie déployée par certains équipages, nous avons l’impression que c’est plutôt une promenade qu’une course. Mais bon, hormis les gilets de sauvetage du plus bel orange, l’ensemble est plaisant à regarder.

Toujours présent dans les villes malaisiennes, Malacca ne faillit pas à la règle et le street art est bien présent. C’est toujours une surprise de découvrir ces peintures, nichées quelquefois au fin fond d’une étroite ruelle ou couvrant une façade bien décrépie !

A ce jour, nous avons pédalé 9210 km

  1. JEAN LUC

    Récits toujours impeccables et complets. Merci pour le partage
    Bonne continuation
    Cyclo amicalement de haute Savoie

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Fièrement propulsé par WordPress & Thème par Anders Norén