La route de Las Vicuñas
Du 29 juin au 4 juillet
Itinéraire
Colchane
Nous arrivons à la douane chilienne et là, une queue pas possible pour faire tamponner les passeports. Nous sommes côté piéton avec nos vélos et c’est impossible de suivre la file contrairement à ceux qui ont des valises !
Laure prend le taureau par les cornes, remonte toute la file, explique au douanier notre « cas vélos ». Le douanier lui tamponne son passeport et, pendant que Lionel fait la même chose, nos sacoches passent au scanner, style aéroport ! Non pas pour des histoires de trafic de drogue ou autres, mais pour vérifier que nous n’introduisons pas au Chili des produits frais ! Un scanner pour légumes, fruits, fromages, viande !!!!!!
Le village de Colchane est bien triste. Nous trouvons un hôtel mais toujours pas de wifi, c’est un peu perdu ici. Nous nous y arrêtons deux jours pour préparer la traversée de la route des Vicuñas (200 km de piste quand même ! ).
Vicuñas, c’est le nom espagnol de la vigogne, vous savez, cet animal assez craintif mais tellement élégant !
Il faut bien penser au ravitaillement en eau sur cette piste. On peut en trouver au village d’Enquelga, chez les carabinieros au Salar de Surire, dans le village de Guillatire et au hameau de Churiguaya (détour).
De Colchane à Bivouac « enclos lamas »
Nous quittons Colchane par la grande route et bifurquons sur une piste pas trop mauvaise qui nous emmène au village d’Isluga. Rien de bien extraordinaire dans ce village si ce n’est une très belle église.
La bonne piste, dominée par le volcan Isluga, continue jusqu’au village d’Enquelga qui possède des thermes mais à trois kilomètres de la piste principale, c’est un peu loin pour nous qui ne sommes pas particulièrement attirés par les bains, surtout Lionel !
Dans ce village, nous achetons de l’eau chez une dame qui s’occupe plus de tisser de la laine d’alpaga que de vendre des produits alimentaires. Elle nous déniche quand même un paquet de gâteaux hors d’âge mais aurait préféré que nous achetions une écharpe en laine ! Très agréable cette dame !
La piste se poursuit, nous avançons bien, c’est plat. Mais voilà, à un moment ou un autre, il faut bien monter. Nous pédalons parmi des chaos de roches rouges et arrivons au mirador de Suricayo où un superbe panorama s’offre à nos yeux.
Nous installons notre bivouac dans un enclos à lamas, sans lamas rassurez-vous ! Les murets de pierres nous protègent un peu du vent qui n’est pas trop violent.
Comme d’habitude à ces altitudes, nous sommes à 4150 m, il fait bien froid le soir et le matin, en revanche dans la journée, la température s’élève et il fait bon.
De l’enclos des lamas à Mucomucone
Ce matin, un peu frisquet à 4200 m ! De l’enclos d’à côté, les lamas nous regardent !
Nous démarrons par une petite descente suivie d’une montée dans une très belle quebrada. Une rivière, gelée par endroits, y serpente parmi des touffes d’herbe dure que broutent les lamas.
La piste alterne montées et descentes et nous arrivons dans un environnement plus ouvert. C’est le désert ici !
Au village abandonné de Llocuoma, qui possède encore une belle église au toit malheureusement très abîmé, nous avons la surprise de voir qu’il existe un point wifi !!! En plein désert ! Pour qui ? Il doit y avoir du monde caché derrière les volcans !
Tout autour ce ne sont que volcans dont certains émettent une fumée blanche. Une piste arrive bientôt de la gauche et là tout change, la piste relativement confortable devient horrible, la calamina occupant toute la largeur de la route, c’est impossible de ne pas sauter sur la selle ! Et cela va durer huit kilomètres.
Nous débouchons sur un plateau entouré de… volcans. C’est beau et sauvage. Sur la gauche, le village abandonné de Mucomucone nous semble être un bon endroit de bivouac. En montant la tente dans une maison, même sans toit, nous sommes à l’abri du vent !
Il est tôt mais cela nous permet de bricoler un peu : nettoyage du matériel photo, vérification des diverses vis des vélos… Notre principal souci, c’est l’eau. Il nous en reste peu et nous devons « tenir » toute la journée du lendemain.
Sur cette piste ne passent que quelques rares camions qui transportent… on ne sait quoi !
De Mucomucone au Salar de Surire
Finalement, c’est la nuit que passent les camions sur cette piste ! Ce matin, il fait -5°C sous la tente et -10°C dehors !
Nous prenons un agréable petit déjeuner au soleil avant de repartir pour une étape qui s’annonce plus difficile.
Au bout de quelques kilomètres, une rivière gelée barre la piste. Il faut passer sur le côté et c’est assez acrobatique de pousser les vélos sur la glace !
Nous laissons bientôt la piste principale pour une « piste pirate ». Explications ! Si nous prenons la « piste pirate », nous économisons 300 m de dénivelé positif. Mais cette piste passe en Bolivie sur trois kilomètres sans postes frontières bien sûr dans un tel environnement désertique. Donc nous sommes en Bolivie illégalement mais qui viendrait ici effectuer des contrôles !!!
Sur la fin cela monte dur et nous nous y mettons à deux pour pousser les vélos et atteindre un col à 4480 m où nous repassons au Chili.
Une descente relativement bonne sur une piste sableuse nous conduit au Salar de Surire, les vues sont superbes. Le nom Surire vient du Quechua « suri » qui signifie « nandou » (les petites autruches).
Nous voici au bord du Salar sur une affreuse piste, sableuse à souhait, ce qui implique poussière et impossibilité de pédaler.
Nous apercevons des vigognes et des flamants roses par dizaines. Cela nous récompense de nos efforts sur cette piste où le sable est devenu calamina !
Nous n’avons presque plus d’eau et le poste de carabinieros où nous pourrions « faire le plein » est encore à 27 km, impossible à atteindre avant le soir vu l’état de la piste. Il faudra se contenter au bivouac avec le litre et demi qu’il nous reste !
Une maison non occupée nous sert de protection du vent pour la tente. Contents de nous pauser. Nos vélos, nos sacoches, nos vêtements sont couverts de poussière !
De cet endroit, nous avons une vue somptueuse sur le salar ! Les flamants roses n’attendent plus que nos appareils photos !
Du Salar de Surire à Guallatire
Record de froid ce matin : -11°C sous la tente, -17°C dehors et de la glace dans la chambre de la tente!!! Est-ce la proximité du salar ? Et au petit déjeuner, vu ce qu’il reste d’eau, nous buvons seulement un verre de thé. Heureusement, le soleil arrive vite et il fait meilleur !
Nous reprenons la piste, toujours aussi mauvaise, avec de plus quelques montées. En revanche, le salar nous gratifie de vues somptueuses avec des flamants roses au premier plan. Nos appareils photos « chauffent » un peu !
Nous arrivons enfin au poste des carabinieros, très sympathiques qui nous dépannent en eau. Laure donne même la becquée à leur mascotte, un joli lama blanc.
Nantis de notre réserve d’eau pour la journée, nous rejoignons la piste principale, au revêtement bien meilleur, c’est roulant. Nous entrons dans le parc de Las Vicuñas.
Revers de la médaille ! Comme, sur le salar, on exploite le borax, de nombreux camions font un va et vient permanent : on arrive à vide, on repart chargé. Sympas ces chauffeurs de camions qui nous doublent au pas pour nous éviter la poussière et nous saluent toujours au passage.
Le borax est une espèce minérale de borate de sodium hydraté. Il est utilisé comme détergeant et antiseptique mais aussi en soudure, dans certains composants électroniques… On en tire aussi le bore, utilisé dans les réacteurs nucléaires.
Quelques kilomètres plus loin, la piste a été refaite et cela roule comme sur de l’asphalte (enfin presque). Comme quoi, la rentabilité économique… car, pratiquement, ne circulent sur cette piste que les camions de borax.
Nous montons, descendons dans des paysages somptueux : c’est vert, c’est rouge, c’est beau ! Le tout dominé par des volcans enneigés qui culminent à plus de de 6000 m.
Et n’oublions pas les vigognes bien présentes même parmi les lamas ! Nous sommes dans le parc de Las Vicuñas quand même !
Après cette étape un peu longue, nous arrivons au village de Guillatire. Ici, il y a, théoriquement, un hospedaje qui nous permettrait d’être un peu à l’abri après trois nuits de bivouac glaciales !
En effet, il existe, cet hospedaje, mais si vous voulez y faire, comme nous halte pour la nuit, n’arrivez pas le jour où la propriétaire fait son pain ! Un accueil horrible, nous avons l’impression de déranger et c’est un doux euphémisme !
Hospedaje, de plus, très cher pour le service : les draps ont déjà servis donc sont sales, pas de douche utilisable, le robinet du lavabo fuit et il n’y a pas d’électricité. Il faut savoir que dans tous ces petits hébergements, les draps, souvent, ont déjà servi et nous utilisons… nos sacs de couchage. Sachez aussi que le chauffage n’existe pas même dans des endroits plus « classieux ».
La patronne est plus calme au moment du repas et nous propose une table dans la salle à manger chauffée.
De Guallatire à Churiguaya
Notre « hôtesse » est plus aimable ce matin. Elle nous sert un desayunos (petit déjeuner) bien complet qui, nous ne le savions pas, est inclus dans le prix de la chambre. Elle nous explique que depuis la pandémie, les touristes ont pratiquement disparu et elle n’accueille plus que des ouvriers de la route. De plus, c’est la seule habitante du village avec un poste de carabinieros !
Le village est dominé par le volcan Guillatiri qui fume ce matin. Après quelques photos de la belle église du village, nous reprenons la piste toujours sous l’œil des vigognes.
Afin de limiter la poussière soulevée par les camions, on arrose la piste avec des camions citernes qui font le plein dans les rios environnants.
Nous quittons bientôt cette piste assez bonne pour emprunter une autre piste en direction du hameau de Churiguaya. Piste qui nous fait traverser de nombreux rios et que nous abandonnons au bout de 10 km pour bifurquer vers le hameau de Churiguaya où, pensons nous, existent de thermes.
Dans le hameau, un seul habitant, Timoteo, qui vit seul ici avec ses deux cents lamas et alpagas. Il nous accueille chaleureusement, nous montre la source pour l’eau potable et nous propose d’installer notre tente à l’abri des maisons.
Mais de thermes, point ! les « bains » se situent plus loin sur la piste principale. Tant pis, nous verrons demain. C’est tellement beau et calme ici, c’est un coin perdu au pied du volcan Guillatiri qui culmine à 6071 m !
Nous assistons à la rentrée des lamas et alpagas. Timoteo les rentre le soir dans un enclos entouré de pierres pour les protéger du froid.
Magnifiques lumières ce soir sur le volcan !
De Churiguaya à Tambo Quemado
Churigaya est à 4450 m et ce matin, il ne fait que -5° C sous la tente. Mais le soleil arrive bien vite et réchauffe l’atmosphère. Il faut remarquer que, dans ces villages, les ouvertures des maisons et notamment la porte d’entrée est orientée côté est afin de bénéficier du soleil levant.
Au revoir Timoteo et ses lamas, et retour sur la piste jusqu’aux thermes de Churigaya où, effectivement, nous trouvons des bains d’eau chaude.
Attention, ce ne sont que deux « piscines » de quelques mètres carrés dont une sous une cabane, rien à voir avec les thermes de Digne ! L’endroit est assez agréable et Laure prend le temps de s’y tremper les pieds.
Ensuite, la piste devient difficile, pentue et nous pousserons souvent jusqu’au col à 4701 m. Mais nous faisons une « pause thé » à 4600 m, dans une chapelle de plein air.
Après le col, nous entrons dans le parc de Lauca et retrouvons une piste abominable, sableuse et « calamineuse ». Fort heureusement, les paysages sont superbes, les vigognes nombreuses et nous voyons même des petites autruches (nandous ?).
Et enfin, nous retrouvons l’asphalte et la route internationale. C’est la fin de la route des Vicuñas !
Mais si nous gagnons en confort, nous perdons en tranquillité. Il nous faut maintenant remonter au col Chungara à 4680 m. Comme dit Laure, sur l’asphalte, nous avons l’impression d’avoir des vélos électriques !
Au col, venant de Bolivie, une file impressionnante de camions attendent le passage à la douane. Un chauffeur nous a même proposé des cachets contre le mal d’altitude ! Nous avons décliné son offre car nous sommes bien acclimatés aux hautes altitudes et nous n’avons aucun problème.
La douane boliviano-chilienne se trouve 8 km plus bas au village de Tambo Quesado en Bolivie. Nous allons nous arrêter là, même si les alojamientos (« hôtels ») sont un peu limites. Mais nous dormirons au chaud ou plutôt « moins froid » car il n’y aucun chauffage !
Cette route de Las Vicuñas est magnifique. Durant ces six jours de traversée dans de superbes paysages, nous n’avons rencontré que les carabinieros du salar, la propriétaire de l’alojamiento de Guillatire et Timoteo ! Une tranquillité plus qu’appréciable. En revanche, il faut prévoir nourriture et eau en conséquence.
Vidéo : La route des Vicuñas
VANDAELE
Toujours aussi bien écrit. Vous nous faites bien partager ce voyage, avec photos et vidéos.
Parfois un peu galère, mais les paysages et les rencontres uniques, effacent les désagréments .
Bonne continuation et merci pour vos récits.
Monique Artarit
Merci Wi- Fi Quel soulagement de vous retrouver ! et de se » remettre en selle » avec vous…
Merci pour ces merveilles partagées…et votre témoignage de vie « à l’essentiel » dans cette aventure humaine et sportive.
Merci Laure d’avoir osé évoquer la plaine de Petosse altitude max 58m .
Gicquel Jean-Pierre
Bonjour les amis, après une petite sortie vélo sur les bords de Loire, je vous retrouve dans vos aventures magnifiques, mais je l’avoue, un peu flippante la traversée du désert avec restriction d’eau ! Vous bravez tout cela avec une facilité déconcertante. Bravo, merci, table ouverte au retour… même si c’est le jour du pain. Prenez soins de vous. Bises. Jean-Pierre.