Via les cols de l’Echelle, de l’Izoard, de Vars, d’Allos, du Défens et de l’Orme
Du 15 au 20 septembre
Itinéraire
Susa à Bardonecchia
Nous nous pausons une journée dans la jolie petite ville de Susa, située sur la route qui mène de l’ouest de Turin à la France via le col de Montgenèvre ou le tunnel du Fréjus.
Elle possède un patrimoine important lié à son histoire.
Durant l’antiquité, elle fut la capitale d’un royaume. C’est le point de départ de la voie Domitienne et de la voie des Alpes, mais aussi une halte d’une variante de la via Francigena. Vers la fin de la première moitié du XIème siècle, la cité et la vallée entrent en partie sous la domination des comtes de Savoie. Le château de Susa (ou château de la comtesse Adélaïde) devient l’un des centres du pouvoir de la principauté. Suse devient le siège d’un évêché établi en 1772.
De 1796 à 1814, Susa fera partie de l’empire français.
Les ruines romaines les plus importantes sont l’arc d’Auguste, construite en 8 av. J.-C. pour célébrer, non pas une victoire guerrière, mais un traité de paix entre les Gaulois et les Romains.
Il existe aussi des thermes, un amphithéâtre et un aqueduc datant de l’époque romaine.
L’imposante Porta Savoia a des origines romaines mais elle a été sensiblement reconstruite au Moyen-Age.
Construit plus récemment, la cathédrale médiévale de Susa (la cathédrale du XIème siècle de San Giusto) est une église catholique romaine qui autrefois faisait partie d’une abbaye complexe.
Nous quittons Susa en direction de Bardonecchia. En effet, le col du Montgenèvre ne nous attire pas beaucoup et nous préférons passer en France par le col de l’Echelle.
A un moment, elle longe le village d’Exillès où se trouve un fort (le fort d’Exilles), forteresse italienne reconstruite par le royaume de Sardaigne au début du XIXème siècle. Il est en forme de grand trapèze : deux petits côtés de 90 et 60 m et deux grands de 260 m.
Bardonecchia est le point de départ côté italien du tunnel du Fréjus qui aboutit à Modane en France.
C’est Joseph François Medail, un commissionnaire en douanes sarde, qui propose au roi Charles-Albert de Sardaigne un tunnel entre Modane et Bardonnecchia. Mais ce n’est que 20 ans plus tard, en 1857, que le successeur de Charles-Albert, le roi Victor Emmanuel II de Savoie, ordonne le début des travaux, dont l’étude préliminaire a été menée par l’ingénieur belge Henri Maus. Les travaux seront alors conduits par l’ingénieur savoyard Germain Sommeiller.
Le tunnel, dont la longueur à l’origine était de 12,234 km (il mesure actuellement 13,688 km) sera inauguré en 1871.
Bardonecchia appartient à la zone traditionnellement occitane de la vallée de Suse.
Elle comporte également une station de sports d’hiver. Elle a accueilli en 2006, lors des jeux olympiques de Turin, les épreuves de snowboard.
De Bardonecchia à Guillestre
Pour éviter le col de Montgenèvre, nous avons préféré passer par le col de l’Echelle pour rejoindre Briançon. C’est une très jolie et agréable montée pas très difficile.
Ce col fut (et est peut-être encore ?) un lieu de passage de l’Italie vers la France pour de nombreux migrants.
Du sommet, nous descendons sur la vallée de la Clarée et, par un petit détour, gagnons Névache et sa boulangerie, il faut bien manger !!!
La suite est une descente tranquille même si nous rejoignons la route de Montgenèvre un peu avant Briançon.
Il y a un moment que nous y sommes venus et nous allons y flâner un petit peu. La ville haute est très plaisante d’autant qu’à cette époque, les touristes se font plus rares.
Briançon
L’implantation humaine est certaine à l’âge du bronze et à celui du fer. Les différentes peuplades tirent leurs ressources de l’agriculture et des échanges.
Aux premiers temps de la romanisation, Brigantio semble être implantée sur le secteur de l’actuel Champ de Mars. Le Briançonnais demeure sous la domination romaine jusqu’à la chute de l’Empire romain au 5e siècle.
Au Moyen-Age, Briançon se trouve dans le Dauphiné. Cette province fut créée autour d’Albon, près de Vienne en Isère, sous l’autorité d’une riche famille dont les membres prirent le nom de Dauphins au début du 13e siècle.
En 1349, Humbert II, le dernier dauphin cède son territoire au roi de France.
En décembre 1624, un incendie détruit les quatre cinquièmes de la ville. Les maisons tout juste reconstruites sont à nouveau réduites en cendres en janvier 1692.
Vauban arrive à Briançon à l’automne 1692 à la suite d’une brutale attaque du duc de Savoie sur les Alpes. Il trouve le site difficile à aménager car il est entouré de hauteurs dominantes. Les 21 et 22 novembre 1692, il établit son projet. Il demande la réalisation de bastions et de diverses défenses et demande également divers aménagements. Lors de son second voyage à Briançon, Vauban inspecte les travaux et rédige un mémoire, daté du 24 août 1700.
La fin du règne de Louis XIV est marquée par la guerre de Succession d’Espagne, de 1701 à 1714. La région de Briançon devient le théâtre d’affrontements franco-savoyards.
La construction d’une véritable barrière de forts commence sous la Régence, en juillet 1721, et se poursuit pendant treize années sous le règne de Louis XV.
L’organisation de Briançon connaît un bouleversement important au 19e siècle. L’implantation de l’usine de la Schappe en 1842, la construction de nouvelles casernes à partir de 1882 et l’arrivée du train en 1884 conduisent au développement d’un nouveau quartier près de la Durance. L’après-guerre voit des changements sans précédent. Les activités traditionnelles agricoles cèdent le pas au tourisme.
Au menu, aujourd’hui, le col d’Izoard. Très beau col mais aux pentes sévères. Ce matin, la température est bien basse et le vent bien fort. Mais le soleil est là et tempère un peu cette impression de froid.
La montée jusqu’au joli village de Cervières est assez irrégulière mais sans problème si ce n’est le vent.
Ensuite cela se corse un peu ! Nous traversons le typique village du Laus et la partie raide commence.
Mais la route est belle, les cyclistes disposent d’une bande cyclable, le vent nous pousse un peu (si, si !), le soleil brille généreusement et les paysages sont superbes, que demander de plus !
Nous sommes doublés par une dame à vélo électrique. Elle monte vite, très vite, impressionnant ! Oui mais voilà, à quelques kilomètres du sommet, nous la retrouvons arrêtée sur le bord de la route : plus de batterie donc… pas de sommet !!!
Et puis, c’est le dernier kilomètre ! Le vent est extrêmement violent et du coup, il fait bien froid ! C’est même difficile voire impossible de rester face au vent. Heureusement qu’il existe au col une petite cabane à souvenirs derrière laquelle nous pouvons nous abriter !
A 2360 m c’est le sommet, malheureusement pour les photos, il y a quelques travaux. La route a été construite en 1893-1897. Il a été franchi au total à 36 reprises par le Tour de France,
C’est sans doute la partie la plus belle de ce col : la Casse Déserte. Des pitons rocheux de couleur ocre plantés sur des pentes caillouteuses qui confèrent à cet endroit très minéral un aspect lunaire ! Superbe !
Mais prudence, toujours ce vent qui a tendance à nous balader d’un bord à l’autre de la route !
La descente se poursuit sur des pentes très soutenues. Ce versant est encore plus raide que la montée depuis Briançon .
Nous traversons les villages de Brunissard (pique-nique) et d’Arvieux (café) avant de rejoindre la vallée du Guill que nous avions montée au début du voyage.
Il n’y a plus qu’à se laisser glisser vers Guillestre en profitant des belles vues offertes par les gorges du Guill.
De Guillestre à Barcelonnette
Col de vars versant Guillestre ! A l’aller, nous l’avions grimpé sur le versant Barcelonnette. Donc un parcours en sens inverse.
Cela démarre fort durant six kilomètres avant que la pente s’atténue et même ne descende par endroits.
Dans les prés bordant la route, les paysans font encore les foins, deuxième coupe !
Au niveau de la station de ski des Claux (pas très jolie !), la route reprend sa montée et atteint le refuge Napoléon, fermé, contrairement à celui de l’Izoard.
Ces refuges, au nombre de six ont été ordonnés par Napoléon Ier en remerciement à la population lors de son retour de l’île d’Elbe.
Ils ont été construits sous Napoléon III au milieu du XIXème siècle. Seuls trois subsistent encore (Vars, Izoard, Manse) et trois ont été détruit (Agnel, Lacroix et Noyer, ce dernier reconstruit depuis).
Encore deux kilomètres et c’est le sommet. On vient d’y construire un parking… bof ! Nous échangeons avec un groupe de personnes très surpris que l’on puisse tirer des vélos aussi chargés dans les cols » Et sans électrique »!
Nous décidons de nous offrir une crêpe au petit restaurant du col. Voyant que le service traînait en longueur (et c’est un doux euphémisme), Laure part aux nouvelles et se fait vertement tancer par la patronne débordée par le service. Sympa tout ça !
Allez, descendons. Paysages magnifiques mais vent fort ! Tellement fort que le support de la GoPro casse et la caméra se retrouve en contrebas dans les champs. Heureusement l’œil de lynx de Laure la retrouve très vite et ouf, pas trop de dégâts.
Les moutons sont toujours dans les alpages. Il reste encore de l’herbe à brouter !
Nous nous dirigeons sur Barcelonnette. La route depuis Jausiers est assez pénible avec le vent de face !
Nous prenons le temps à Barcelonnette. Une bière, un café !!!
C’est dimanche et il n’y a pas grand chose d’ouvert pour ravitailler. Bon, nous ferons avec ce que nous avons mais Laure nous déniche quand même une boulangerie !
De Barcelonnette à Digne les Bains
Très froid ce matin au camping ! 1°C sous la tente avec de la glace sur la toile et -1,5°C dehors !!! Autant dire que…
Heureusement, nous nous retrouvons très vite au soleil ce qui atténue la sensation de froid.
Encore un grand col aujourd’hui : le col d’Allos. Nous ne le connaissons sur ce versant qu’à la descente.
Une route pas très large mais splendide et régulière, nous monterons pendant les 19 km. Pas de descentes, juste quelques kilomètres où la pente devient plus douce.
Et pourtant, à cet endroit, la route, elle, est tracée sur un versant très raide.
Une série de lacets, une pente terminale raisonnable, nous passons devant le refuge d’Allos et nous voici au sommet. Des vues somptueuses sur le massif des Trois Evêchés d’un côté et sur le secteur du Chambeyron de l’autre.
Très bien aménagé ce sommet. Pas de boutiques. Juste des panneaux d’informations et un petit parking.
C’est une très belle grimpée ce col. Un vrai bonheur. De plus, le peu de motos et voitures ont su se faire discrètes, l’étroitesse de la route n’étant pas compatible avec la vitesse.
Au sommet, nous rencontrons un cycliste handicapé en tricycle couché. Il n’a qu’un bras et monte au sommet des cols sans assistance électrique (Comme quoi) ! Chapeau !
Nous sommes bien là-haut mais il faut quand même redescendre. Nous traversons la station de la Foux d’Allos (rien de bien beau) et gagnons le joli petit village d’Allos après quelques arrêts dus à des travaux..
La descente continue et nous sommes ralentis par un troupeau de moutons qui descend des alpages. Et oui l’automne arrive !
Nous dépassons Colmars les Alpes, que nous avions découvert en mai, et nous arrêtons au camping de Beauvezer. Pas extraordinaire ce camping !
Dernière étape aujourd’hui ! Très froid ce matin, il est temps de rentrer ! Direction Digne les bains.
Mais nous prenons le chemin des écoliers. Il fait beau et rien ne nous presse. C’est par Thorame-Haute et Thorame-Basse que nous démarrons cette journée.
Ensuite, nous suivons la vallée de l’Issole froide et à l’ombre !
Nous bifurquons vers Lambruisse et grimpons au col du Défens (ou Défend). Un petit col mais qui grimpe bien par endroit, heureusement ce n’est pas long. Quelques vautours fauves planent au-dessus de nos têtes.
Descente et arrêt au village de Tartonne. Mais dans la descente, Andy Goldsworthy, artiste britannique, nous a gratifié d’une « sentinelle », construction de pierres de forme ovoïde.
En fait, il s’agit d’une partie d’une œuvre appelée « Refuge d’Art ».
Cette œuvre est à parcourir en une dizaine de jours dans les Alpes dignoises et relie trois « Sentinelles » via d’anciens refuges et chapelles magnifiés par l’artiste.
Un dernier arrêt à Barrême pour déguster un ultime gâteau de la boulangerie locale.
C’est dans ce secteur que l’on trouve des fossiles d’ammonites déroulées.
Ces animaux vivaient au « Barrémien » qui est le quatrième étage stratigraphique du Crétacé inférieur (-129,4 à ≃ -125 millions d’années). Il tire son nom de celui de la commune.
Le dernier col du voyage se profile : le col de l’Orme.
Nous n’avons plus qu’à nous laisser aller dans la descente vers Digne pour retrouver famille, voisins et maison !
Bilan en chiffres
Durée : 70 jours du 13 juillet au 20 septembre 2022 (dont 58 « pédalés »)
Distance parcourue : 2790 km
Dénivelé positif : 48 355 m
Cols franchis : 38 dont 18 à plus de 2000 m
Itinéraire du voyage
Michele Brocvielle
Je ne pensais pas que le tunnel du Fréjus datait d’aussi loin 1871??
j’en apprends bien des choses à me régaler de votre périple.
Susa méritait vraiment d’y rester une journée, quel patrimoine !…
Cette année sauf dans les prés plus bas à cause de la sécheresse, mais en altitude, il y eu sûrement du regain un peu partout.
Est-ce un gypaète votre photo ?
48355 m de dénivelée wouahou 38 cols c’est peut-être ce que j’ai depuis que je fais du vélo, donc en 7 ans. zut je prends du retard.
bon retour les amis à très bientôt
Michèle
Danielle
Nous avons récupéré nos voisins pédaleurs. Quel beau voyage ils ont fait. Ils étaient en pleine forme avec pleins d’images dans la tête. On va enfin recommencer à manger les bons gâteaux de Laure et se marrer avec Lionel. 😀🥳
Brigitte Baumy
Bravo les amis, c’est toujours un vrai plaisir de ’ feuilleter ’ votre site
A bientôt à Annecy
Michel Bessait
Très heureux de vous avoir rencontrés au petit matin au départ du camping d’ Interlaken . Vos reportages photos et commentaires sont toujours intéressants et donnent envie de repartir vers de nouveaux horizons. Merci pour ce partage.